Jusqu’à aujourd’hui, et comme tous mes collègues viticulteurs de la Côte Roannaise, je ne produisais que du vin rouge et quelques hecto de vin rosé issu du Gamay. Mais il me semblait que d’autres cépages pouvaient s’adapter et se plaire sur notre terroir, et permettrait par la même occasion de diversifier notre gamme. Le plus dur serait de choisir quel cépage planter ! La Côte Roannaise se situant parfaitement au centre de la France, il nous était possible d’en choisir un provenant du Nord comme du Sud du pays !
Pourquoi avoir choisi de planter du Viognier ? La principale raison est que j’adore les vins produits par ce cépage ! Mais comment savoir si la vigne se plairait chez nous ? Le terroir historique du Viognier ne se situe pas très loin d’ici, autour de la petite ville de Condrieu, à 20 km au Sud de Lyon. C’est le point le plus au Nord de la Vallée du Rhône, donc il me semblait que notre région et ses sols granitiques très similaires avaient toutes leurs chances pour accueillir du Viognier. |
Cette histoire vous donnera un aperçu de tout le travail mis en œuvre lors de la plantation d’une vigne. Et comme une vigne vit en moyenne 50 ans, chaque détail compte.
Comme pour les chiens, le pedigree de la vigne est très important. Les grands cépages tels que le Chardonnay, le Pinot Noir ou le Merlot par exemple, ont été depuis longtemps sélectionnés et multipliés par les pépiniéristes, ils offrent ainsi de nombreuses possibilités. Il ne reste plus qu’au viticulteur à choisir les caractéristiques de sa future vigne.
Mais le cas du Viognier est un peu particulier. En 1968, il n’en restait que 14 hectares. Aujourd’hui encore, il reste un cépage plutôt rare, comparativement parlant. A l’époque de la plantation, un seul type était disponible, le numéro 642 datant de 1679 et qui se caractérisait par des rendements assez élevés. Depuis peu, une nouvelle variété a été mise au point, le numéro 1042 qui offre des rendements plus faibles, de petites grappes et une teneur en alcool assez élevée, mais qui ne sera pas disponible avant plusieurs années, la multiplication des plants étant assez longue.
De ce fait, n’étant pas intéressé par des rendements importants, la solution qui m’apparut la plus judicieuse pour pouvoir planter des vignes de qualité a été la bonne vieille méthode de la sélection massale. Elle consiste à prélever des sarments chez un vigneron producteur de Viognier et de les utiliser comme boutures.
Comme pour les chiens, le pedigree de la vigne est très important. Les grands cépages tels que le Chardonnay, le Pinot Noir ou le Merlot par exemple, ont été depuis longtemps sélectionnés et multipliés par les pépiniéristes, ils offrent ainsi de nombreuses possibilités. Il ne reste plus qu’au viticulteur à choisir les caractéristiques de sa future vigne.
Mais le cas du Viognier est un peu particulier. En 1968, il n’en restait que 14 hectares. Aujourd’hui encore, il reste un cépage plutôt rare, comparativement parlant. A l’époque de la plantation, un seul type était disponible, le numéro 642 datant de 1679 et qui se caractérisait par des rendements assez élevés. Depuis peu, une nouvelle variété a été mise au point, le numéro 1042 qui offre des rendements plus faibles, de petites grappes et une teneur en alcool assez élevée, mais qui ne sera pas disponible avant plusieurs années, la multiplication des plants étant assez longue.
De ce fait, n’étant pas intéressé par des rendements importants, la solution qui m’apparut la plus judicieuse pour pouvoir planter des vignes de qualité a été la bonne vieille méthode de la sélection massale. Elle consiste à prélever des sarments chez un vigneron producteur de Viognier et de les utiliser comme boutures.
Les coteaux très pentus de Condrieu Les prélèvements sont apportés le jour même chez le pépiniériste pour ne pas qu’ils sèchent. Le greffage Le pépiniériste peut alors commencer son travail : les branches de Viognier sont coupées en plusieurs morceaux et chaque bourgeon est inséré dans les racines. C’est le greffage. Le résultat final : le bourgeon de Viognier a été greffé à l’intérieur du porte-greffe. Les nouvelles petites vignes sont ensuite stockées jusqu’au printemps avant d’être plantées. | Il me fallait donc ensuite trouver une vigne de qualité à partir de laquelle je pouvais faire mes prélèvements. J’ai réussi à entrer en contact avec Yves Cuilleron, un des meilleurs vignerons de l’appellation Condrieu. Sa réputation ne pouvait qu’être un gage de la qualité de ses vignes. Très heureux qu’il m’autorise à prélever ce dont j’avais besoin, je me suis donc rendu à Condrieu en une belle journée d’hiver de mars 2005 pour collecter mes sarments. Mes sarments fraichement coupés après une matinée de taille
Les plants sont enduits de cire pour consolider la greffe. |
Puis, durant l'hiver, les plants sont arrachés et stockés dans un endroit frais jusqu'au printemps pour être plantées dans leur parcelle définitive.
La plantation
Pendant ce temps, nous avons préparé le terrain pour la plantation
La plantation
Pendant ce temps, nous avons préparé le terrain pour la plantation
Le sol a d’abord été décompacté le plus profondément possible, puis labouré sur une profondeur d’au moins 40 cm pour que les racines puissent se développer facilement. Le terrain est finalement nivelé.
Enfin, tout est prêt!
L'équipe de planteurs, avec mes deux filles Lucy et Claire, a pu se mettre au travail!
L'équipe de planteurs, avec mes deux filles Lucy et Claire, a pu se mettre au travail!
Repas bien mérité des travailleurs!
L’hiver qui suivit la plantation….. 740 piquets ont été mis en place…. 15 km de fil de fer ont été déroulés…. Et 4500 pointes ont été plantées dans les piquets !
Puis il a fallu patienter 3 ans avant le premier millésime de 2008 !
Le premier millésime, en 2008.
Des raisins magnifiques, des conditions météo très favorables et une promesse de 13° d'alcool naturel (déterminé au réfractomètre l’instrument rouge que j’ai dans la main).
Je ne pouvais espérer mieux pour ma première récolte !
Je ne pouvais espérer mieux pour ma première récolte !
Lles raisins sont vendangés à la main et dans des petites bennes de 20kg, Cela limite leur écrasement et la libération du jus qui risquerait de s’oxyder. On préserve ainsi les arômes des fruits tout en limitant l’utilisation de sulfites au minimum ! | Les raisins sont ensuite versés à la main et au fur et à mesure dans notre nouveau pressoir ??? qui exerce une des pressions les plus douces pour extraire le jus en douceur et éviter les éventuels arômes de vert dans le vin. |
Mes premiers fûts de chêne me furent livrés juste dans les temps pour recevoir le vin nouveau pour un élevage de 14 mois avant la mise en bouteille.
Des bâtonnages réguliers ont permis de conserver toute la fraicheur du vin, et d'y ajouter du gras et de la rondeur. Bâtonner signifie remuer le vin avec un bâton spécial qui passe par le trou se trouvant sur le dessus du fût pour remettre en suspension les lies se trouvant dans le fond du tonneau.
Du fait des faibles rendements, ce millésime était si concentré que le vin ne prit pas un goût boisé mais développa des arômes d’une extrême richesse, avec des notes florales très marquées, en particulier celles de violette, tout à fait caractéristique du cépage Viognier.
Des bâtonnages réguliers ont permis de conserver toute la fraicheur du vin, et d'y ajouter du gras et de la rondeur. Bâtonner signifie remuer le vin avec un bâton spécial qui passe par le trou se trouvant sur le dessus du fût pour remettre en suspension les lies se trouvant dans le fond du tonneau.
Du fait des faibles rendements, ce millésime était si concentré que le vin ne prit pas un goût boisé mais développa des arômes d’une extrême richesse, avec des notes florales très marquées, en particulier celles de violette, tout à fait caractéristique du cépage Viognier.
Conformément à notre politique qui est de toucher le moins possible au vin, la cuvée est mise en bouteille sans filtration, l’élevage en fût rendant cette étape tout à fait superflue. C’est donc avec une grande fierté que j’ai mis en bouteille ma première ma cuvée de Viognier en 2010 ! Mais le meilleur restait encore à venir ! |
L’année suivante, j’ai pu observer un phénomène qui allait se révéler particulièrement intéressant pour la suite ! Je me suis aperçu que la colline de St Sulpice se situant juste au-dessus du barrage de Villerest formé par la Loire, réunissait les conditions idéales pour des vendanges tardives avec le développement de la pourriture noble (bothritys cinerea).
En effet, en Septembre, la différence de température entre les eaux chaudes du lac et l’air froid de la nuit engendre la formation de brouillard aux abords du fleuve. Ce brouillard ne s’étend pas aux autres parcelles de vignes se situant plus haut sur les flancs de la Côte Roannaise et c’est ce qui rend le terroir de St Sulpice tellement unique !
En effet, en Septembre, la différence de température entre les eaux chaudes du lac et l’air froid de la nuit engendre la formation de brouillard aux abords du fleuve. Ce brouillard ne s’étend pas aux autres parcelles de vignes se situant plus haut sur les flancs de la Côte Roannaise et c’est ce qui rend le terroir de St Sulpice tellement unique !
Pour ma plus grande joie, et à ma grande fierté, j’ai transformé toute cette pourriture en un vin que j’ai appelé Plaisir Brumaire. C’est le nom donné au mois d’Octobre après la Révolution Française, mois pendant lequel les raisins « pourris » sont vendangés.
Malgré ses 14% d’alcool et ses 50 grammes de sucre résiduel, ce vin a gardé tout son fruit, et reste sur la fraicheur car il n’est pas trop sucré, contrairement à beaucoup de vins ramassés tardivement. Finesse et équilibre sont les mots qui me viennent en tête pour décrire cette cuvée, qui accompagne parfaitement le foie-gras sans en écraser le goût. Il accompagne aussi parfaitement les aliments très salés tels que le Roquefort par exemple, et peut aussi être servi en apéritif ou au dessert.
Malgré ses 14% d’alcool et ses 50 grammes de sucre résiduel, ce vin a gardé tout son fruit, et reste sur la fraicheur car il n’est pas trop sucré, contrairement à beaucoup de vins ramassés tardivement. Finesse et équilibre sont les mots qui me viennent en tête pour décrire cette cuvée, qui accompagne parfaitement le foie-gras sans en écraser le goût. Il accompagne aussi parfaitement les aliments très salés tels que le Roquefort par exemple, et peut aussi être servi en apéritif ou au dessert.